PC nouvelle génération : Qualcomm veut s’imposer dans la bataille contre Intel et AMD

Antoine Fraysse-Soulier, analyste de marché pour eToro,
La récente annonce de Qualcomm du lancement de ses puces Snapdragon X2 Elite et Elite Extreme, illustre une volonté claire, celle de bousculer l’équilibre établi depuis des décennies par Intel et AMD sur le marché du PC. Conçues en 3 nm par TSMC, ces puces mettent en avant une combinaison rare, à savoir une puissance brute, une efficacité énergétique et une accélération de l’IA. Qualcomm ne cherche pas seulement à se positionner comme une alternative, mais à devenir une référence sur le segment stratégique des PC boostés à l’IA, où l’intelligence artificielle embarquée devient un standard attendu par les utilisateurs et les fabricants.
La menace pour Intel et AMD est réelle, mais elle doit être nuancée. Intel reste leader sur le marché des PC portables et compte sur sa génération Lunar Lake pour réaffirmer sa domination, en insistant sur l’efficacité énergétique et une intégration IA compétitive. AMD, de son côté, a déjà montré des avancées solides avec ses Ryzen AI, capables d’offrir un rapport performance/consommation intéressant, tout en conservant l’écosystème x86, encore incontournable pour les applications professionnelles et grand public.
Le principal défi de Qualcomm ne réside pas tant dans la puissance de ses puces que dans l’écosystème des logiciels. Windows on Arm a fait des progrès, mais il reste du chemin à parcourir en termes de compatibilité et d’optimisation applicative. Les entreprises et les utilisateurs professionnels, particulièrement sensibles à la stabilité et à l’universalité des logiciels, pourraient hésiter à basculer massivement tant que l’expérience n’égale pas celle offerte par x86.
Le calendrier constitue également une contrainte. Les premiers ordinateurs équipés de Snapdragon X2 ne devraient pas arriver avant 2026. Ce délai offre à Intel et AMD une fenêtre stratégique pour consolider leurs positions, améliorer leurs architectures et élargir leurs partenariats avec les fabricants de PC. En parallèle, il laisse aussi à Qualcomm le temps de convaincre l’écosystème logiciel et de sécuriser des accords forts avec les grands constructeurs.
En définitive, cette annonce ne provoquera pas de séisme immédiat, mais elle accélère un mouvement de fond déjà engagé par Apple avec ses puces M1/M2/M3, c’est-à-dire la montée en puissance des architectures Arm dans l’univers PC. Qualcomm n’a pas encore gagné la bataille, mais il impose un nouveau rythme qui constitue bel et bien une menace crédible pour Intel et AMD à moyen terme.